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descendre tout doucement au fond du fourneau, où on le déposa avec toutes les précautions imaginables. Dès que j’eus accompli ce beau travail, je le rechaussai avec la terre que j’avais enlevée de la fosse, et, à mesure qu’elle s’amoncelait, j’y plaçais, en guise d’évents, de ces petits tuyaux de terre cuite dont on se sert pour les éviers et autres choses de même nature. Lorsque je vis que j’avais bien consolidé le moule, que ce mode de le chausser, en y mettant ces tuyaux bien à leur place, était excellent, et que je pouvais me fier à mes ouvriers, qui comprenaient parfaitement ma méthode, si différente de celle des autres maîtres, je tournai mes pensées vers mon fourneau. Je l’avais fait emplir d’un nombre considérable de lingots de cuivre et de bronze, amoncelés les uns sur les autres, suivant les règles de l’art, c’est-à-dire en ayant soin de ménager entre eux un passage aux flammes, afin que le métal s’échauffât et se liquéfiât plus promptement. Alors, j’ordonnai résolument à mes ouvriers d’allumer le fourneau et d’y jeter des bûches de pin. Grâce à la résine qui découlait de ce bois et à l’admirable construction de mon fourneau, le feu fonctionnait si vigoureusement que je fus forcé de porter secours tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, ce qui me fatiguait à un point intolérable ; cependant je redoublai d’efforts. Pour combler la mesure, le feu prit à l’atelier et nous donna lieu de craindre que le toit ne s’abimât sur nous. En outre, il me venait du côté du jardin un si grand vent et une pluie si furieuse, que mon fourneau se refroidissait. Après avoir lutté, pendant quelques heures, contre ces déplorables accidents, je me harassai tellement, que, malgré la vigueur de ma constitution, je ne pus y résister. Une fièvre éphémère, la plus violente que j’aie jamais ressentie, s’empara de moi. Je fus donc forcé d’aller me jeter sur mon lit. — Au moment où je fus contraint de prendre ce parti désolant, je me tournai vers