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MÉMOIRES DE BENVENUTO CELLINI



CHAPITRE VI.
(1524.)

Damasquinures. — Origine du mot grotesque. — Concurrence entre Cellini et Caradosso. — La Pantasilea et Luigi Pulci. — Vengeance. — La colique du Bacchiacca. — Un contre douze. — Benvegnato et Benvenuto. — Réconciliation. — Mort de Luigi Pulci.

Je serais trop long, si je voulais passer en revue les nombreux ouvrages que j’exécutai pour toutes sortes de gens. Je me contenterai de dire en ce moment, que je m’appliquais soigneusement et sans relâche à me perfectionner dans les différents arts dont j’ai parlé plus haut. Je les menais donc tous de front ; mais, comme je n’ai pas encore occasion de décrire quelque morceau notable, j’attendrai pour le faire qu’il soit temps, et ce sera bientôt.

Sur ces entrefaites, Michelagnolo, le sculpteur siennois, commença le tombeau du pape Adrien, et Jules Romain entra au service du marquis de Mantoue. Mes autres camarades allèrent çà et là à leurs affaires, de sorte que notre société se trouva presque entièrement dissoute.

À cette époque, il me tomba entre les mains certains petits poignards turcs, dont la poignée, la lame et la gaine étaient en acier, et ornées de beaux feuillages orientaux gravés au burin et incrustés d’or. Ce genre de travail appartient à un art qui diffère beaucoup de ceux que j’avais jusqu’alors pratiqués ; néanmoins, j’éprouvai un vif désir de m’y essayer, et j’y réussis si bien, que j’exécutai quel-