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PRÉFACE

tier, aurait-il dédaigné d’en profiter ? Enfant ingrat et rebelle, aurait-il refusé de se laisser guider par la science de sa mère, de révérer ses préceptes, d’obéir à ses lois ? — L’organisation de Benvenuto, son éducation, ses allures, ses recherches, ses réalisations, tout chez lui s’accorde pour démontrer le contraire.

Comme la plupart de ses frères florentins, Benvenuto ne vint-il pas au monde avec des facultés encyclopédiques ; comme eux ne fit-il pas marcher de front la sculpture, l’orfèvrerie, la gravure, la poésie, la musique ? Comme eux, à cette variété de talents que l’art enserrait alors dans une harmonieuse et puissante unité, ne dut-il pas cette force merveilleuse qui marque toutes ses œuvres d’un incomparable caractère ?

Comme ceux de ses frères qui étaient réservés aux destinées les plus hautes, Benvenuto n’alla-t-il pas chercher les premiers enseignements dans la boutique d’un orfèvre : humble arène où, dans ces temps de rude initiation, se trempaient les plus nobles et les plus robustes natures ; où tous ces grands ouvriers que Florence idolâtrait se nourrissaient à ses mâles principes et se façonnaient à son austère discipline ; où les Luca della Robbia, les Ghirlandaio, les Verocchio, les Pollaiuolo, les Donatello, les Ghiberti, les Brunelleschi se préparaient à ces combats qui valurent à Florence tant de glorieuses conquêtes ? — En se formant à la même école que ces hommes, Benvenuto subit les mêmes influences, partagea les mêmes affections et s’appuya