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LIVRE DEUXIÈME.



CHAPITRE III.
(1530.)

Arrivée à Rome. — Raffaello del Moro. — Jacopino della Barca. — Absolution d’un petit vol. — Le bouton de chape. — Michelelto et Pompeo de Milan. — L’Ecce Homo. — Le motu-proprio.

À mon arrivée à Rome, je retrouvai une partie de mes amis. Ils me firent l’accueil le plus cordial. Je m’occupai de suite de travaux, tous lucratifs, mais peu dignes d’être décrits.

Il y avait alors à Rome un vieil orfèvre nommé Raffaello del Moro. Il avait une grande réputation et était fort honnête homme. Il me pria de vouloir bien travailler dans sa boutique, parce qu’on lui avait commandé plusieurs ouvrages très-importants, où il y avait beaucoup à gagner. J’y consentis volontiers.

Depuis plus de dix jours déjà j’étais à Rome, et je n’avais pas encore été voir messer Jacopino della Barca, lorsqu’il m’aperçut par hasard. Il m’aborda avec l’air le plus gracieux, et me demanda depuis combien de temps j’étais arrivé. Je lui répondis qu’il y avait environ quinze jours. Il en fut très-irrité, et me dit que je montrais bien peu de respect à un pape qui, trois fois déjà, l’avait chargé de m’écrire dans les termes les plus pressants. Moi, qui avais été encore plus fâché que lui de ce qui s’était passé, je ne soufflai mot, et j’essayai d’avaler ma colère. Cet homme, qui était d’un bavardage effréné, lâcha un tel torrent de pa-