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la revue

il nous est revenu de l’étranger ainsi qu’il est d’usage assez volontiers pour les inventions ou découvertes faites par des Français. De louables efforts ont été tentés pour sa diffusion notamment par M. Charles Cazalet et ses amis. On était arrivé dans certaines villes du sud-ouest à créer des sociétés qui pouvaient, si je ne m’abuse, donner le bain-douche à 0 fr. 10 avec savon ou 0 fr. 15 avec savon et linge et distribuaient à leurs actionnaires 3 1/2 et 4 pour 100 de dividendes ! J’ai vu de ces établissements populaires fonctionner avec un minimum de frais après avoir été installés avec un minimum de dépenses. Il me souvient d’autre part qu’à Berne en 1903, le colonel de Leys me faisant visiter ses casernes me dit que le crédit demandé par lui pour l’installation de bains-douches lui ayant été refusé, les soldats s’étaient ingéniés à les installer eux-mêmes avec une somme de deux cents francs que leur chef leur avait donnée de sa poche. Naturellement, aujourd’hui que le bain-douche se popularise quelque peu, les architectes ont trouvé moyen d’en rendre l’aménagement dispendieux. On ne peut leur en vouloir ; c’est leur métier. Il n’en reste pas moins qu’en écartant les carreaux de faïence et les nickelages, le bain-douche est le lavage à l’eau chaude de beaucoup le plus économique à établir en même temps que le plus simple à faire fonctionner et le plus sain et efficace dans ses résultats. Il n’est si petite bourgade qui ne puisse s’en payer le luxe.

La popularisation des sports ne coûtera pas cher non plus à opérer, du jour où on la recherchera en dehors de la pédanterie des méthodes. Ici ce qui handicape le progrès, le retarde et finalement l’arrête, ce sont les beaux principes. Pour faire du sport, il faut avoir envie d’en faire ; c’est là le premier élément et voici les suivants : un terrain, un abri, du matériel, un instructeur. Que si vous voulez un grand terrain aplani et roulé, du matériel abondant et de choix, des salles closes et chauffées, un instructeur enfin diplômé ou ex-champion, il va de soi que vous courez risque de ne rien avoir du tout comme ce pêcheur des conteurs allemands lequel, protégé par une barbue enchantée, la lassa par ses exigences et perdit toute chance d’améliorer définitivement sa position.

Un terrain ? Cela n’est pas introuvable. Sans doute, si ce terrain par sa nature et ses dimensions permet de jouer au foot-ball, ce sera tant mieux ; mais parce que le foot-ball y demeurerait impraticable, ce ne serait point une raison pour n’y rien faire d’autre. On peut toujours y courir, y sauter, y édifier quelques rustiques appareils de gymnastique. L’abri-modèle sera fourni par