Page:Cazotte - Le Diable amoureux.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.

imagination rêveuse, à moins que cette dernière n’agisse dans les limites traditionnelles et convenues des contes de fées et des pantomimes d’opéras. L’allégorie nous plaît, la fable nous amuse ; nos bibliothèques sont pleines de ces jeux d’esprit destinés d’abord aux enfants, puis aux femmes, et que les hommes ne dédaignent pas quand ils ont du loisir. Ceux du dix-huitième siècle en avaient beaucoup, et jamais les fictions et les fables n’eurent plus de succès qu’alors. Les plus graves écrivains, Montesquieu, Diderot, Voltaire, berçaient et endormaient par des contes charmants cette société que leurs principes allaient détruire de fond en comble. L’auteur de l’Esprit des lois écrivait le Temple de Gnide ; le fondateur de l’Encyclopédie charmait les ruelles avec