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CAZOTTE

grâce négligée et un peu nonchalante des créoles, avec un léger accent donnant à son langage un ton tout à la fois d’enfance et de caresse qui la rendait très-attrayante. Un petit chien bichon était couché sur un carreau près d’elle ; on l’appelait Biondetta, comme la petite épagneule du Diable amoureux. »

Une femme âgée, grande et majestueuse, la marquise de la Croix, veuve d’un grand seigneur espagnol, faisait partie de la famille et y exerçait une influence due au rapport de ses idées et de ses convictions avec celles de Cazotte. C’était depuis longues années l’une des adeptes de Saint-Martin, et l’illuminisme l’unissait aussi à Cazotte de ces liens tout intellectuels que la doctrine regardait comme une sorte d’anticipation de la vie future. Ce second mariage mystique, dont l’âge de ces deux personnes écartait toute idée d’inconvenance, était moins pour madame Cazotte un sujet de chagrin que d’inquiétude conçue au point de vue d’une raison tout humaine touchant l’agitation de ces nobles esprits. Les trois enfants, au contraire, partageaient sincèrement les idées de leur père et de sa vieille amie.

Nous nous sommes déjà prononcé sur cette question ; mais, pourtant, faudrait-il accepter toujours les leçons de ce bon sens vulgaire qui marche dans