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eût arrangé et corrigé ses phrases, et composé ses partitions. Il était de figure aussi horriblement que plaisamment laid, très-souvent ennuyeux, parce que son génie l’inspirait rarement ; mais si sa verve le servait, il faisait rire jusqu’aux larmes. Il vécut pauvre, ne pouvant suivre aucune profession. Sa pauvreté absolue lui faisait honneur dans mon esprit. Il n’était pas né absolument sans fortune, mais il eût fallu dépouiller son père du bien de sa mère, et il se refusa à l’idée de réduire à la misère l’auteur de ses jours, qui s’était remarié et avait des enfants. Il a donné dans plusieurs autres occasions des preuves de la bonté de son cœur. Cet homme singulier vécut passionné pour la gloire, qu’il ne pouvait acquérir dans aucun genre… Il est mort dans une maison religieuse, où sa famille l’avait placé, après quatre ans de retraite qu’il avait prise en gré, et ayant gagné le cœur de tous ceux qui d’abord n’avaient été que ses geôliers. »

Les lettres de Cazotte sur la musique, dont plusieurs sont des réponses à la lettre de J. J. Rousseau sur l’Opéra, se rapportent à cette légère incursion dans le domaine lyrique. La plupart de ces écrits sont anonymes, et ont été recueillis depuis comme pièces diplomatiques de la guerre de l’Opéra. Quel-