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réciter aux personnes de sa connaissance le roman en entier tel qu’il l’avait conçu dans le premier feu. Alvare y devenait la dupe de son ennemi, et l’ouvrage alors, divisé en deux parties, se terminait dans la première par cette fâcheuse catastrophe, dont la seconde partie développait les suites ; d’obsédé qu’il était, Alvare, devenu possédé, n’était plus qu’un instrument entre les mains du Diable, dont celui-ci se servait pour mettre le désordre partout. Le canevas de cette seconde partie, en donnant beaucoup d’essor à l’imagination, ouvrait la carrière la plus étendue à la critique, au sarcasme, à la licence.

Sur ce récit, les avis se partagèrent ; les uns prétendirent qu’on devait conduire Alvare jusqu’à la chute inclusivement, et s’arrêter là ; les autres, qu’on ne devait pas en retrancher les conséquences.

On a cherché à concilier les idées des critiques dans cette nouvelle édition. Alvare y est dupe jusqu’à un certain point, mais sans être victime ; son adversaire, pour le tromper, est réduit à se montrer honnête et presque prude, ce qui détruit les effets de son propre système, et rend son succès incomplet. Enfin, il arrive à sa victime ce qui pourrait arriver à un galant homme séduit par les plus honnêtes apparences ; il aurait sans doute fait de certaines pertes,