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Ce badinage achevait de me déconcerter. Je m’y refusais, et l’ivresse de mes sens aidait à ma distraction volontaire.

« Mais, réponds-moi donc, » me disait-elle.

— Eh ! que voulez-vous que je réponde ?…

— Ingrat, place la main sur ce cœur qui t’adore ; que le tien s’anime, s’il est possible, de la plus légère des émotions qui sont si sensibles dans le mien. Laisse couler dans tes veines un peu de cette flamme délicieuse par qui les miennes sont embrasées ; adoucis si tu le peux le son de cette voix si propre à inspirer l’amour, et dont tu ne te sers que trop pour effrayer mon âme timide ; dis-moi, enfin, s’il t’est possible, mais aussi tendrement que je l’éprouve pour toi : Mon cher Béelzébuth, je t’adore… »