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— Quoi ! me dit-elle en m’entraînant, vous écoutiez ces vieux monstres ?…

— En vérité, ma chère Biondetta, ces créatures sont singulières : elles ont plus de connaissances qu’on ne leur en suppose ; elles me disaient…

— Sans doute, reprit-elle avec ironie, elles faisaient leur métier, elles vous disaient votre bonne aventure : et vous les croiriez ? Vous êtes, avec beaucoup d’esprit, d’une simplicité d’enfant. Et ce sont là les objets qui vous empêchent de vous occuper de moi ?…

— Au contraire, ma chère Biondetta, elles allaient me parler de vous.

— Parler de moi ! reprit-elle vivement, avec une sorte d’inquiétude, qu’en savent-elles ? qu’en peuvent-elles dire ? Vous extravaguez. Vous danserez toute la soirée pour me faire oublier cet écart. »

Je la suis : je rentre de nouveau dans le cercle, mais sans attention à ce qui se passe autour de moi, à ce que je fais moi-même. Je ne songeais qu’à m’échapper pour rejoindre, où je le pourrais, mes diseuses de bonne aventure. Enfin je crois voir un moment favorable : je le saisis. En un clin d’œil j’ai volé vers mes sorcières, les ai retrouvées et conduites sous un petit berceau qui termine le potager