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reur. » Bientôt elle s’y engage et me force à danser. D’abord elle montre quelque embarras et même un peu de maladresse : bientôt elle semble s’aguerrir et unir la grâce et la force à la légèreté, à la précision. Elle s’échauffe : il lui faut son mouchoir, le mien, celui qui lui tombe sous la main : elle ne s’arrête que pour s’essuyer.

La danse ne fut jamais ma passion ; et mon âme n’était point assez à son aise pour que je pusse me livrer à un amusement aussi vain. Je m’échappe et gagne un des bouts de la feuillée, cherchant un endroit où je pusse m’asseoir et rêver.

Un caquet très-bruyant me distrait, et arrête presque malgré moi mon attention. Deux voix se sont élevées derrière moi. « Oui, oui, disait l’une, c’est un enfant de la planète. Il entrera dans sa maison. Tiens, Zoradille, il est né le trois mai à trois heures du matin…

— Oh ! vraiment, Lélagise, répondait l’autre, malheur aux enfants de Saturne, celui-ci a Jupiter à l’ascendant, Mars et Mercure en conjonction trine avec Vénus. Ô le beau jeune homme ! quels, avantages naturels ! quelles espérances il pourrait concevoir ! quelle fortune il devrait faire ! mais… »

Je connaissais l’heure de ma naissance, et je l’en-