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pres à dissiper un évanouissement. À la fin elle ouvre les yeux.

« On a voulu ma mort, encore une fois, dit-elle ; on sera satisfait.

— Quelle injustice ! lui dis-je ; un caprice vous fait refuser à des démarches senties et nécessaires de ma part. Je risque de manquer à mon devoir si je ne sais pas vous résister, et je m’expose à des désagréments, à des remords qui troubleraient la tranquillité de notre union. Je prends le parti de m’échapper pour aller chercher l’aveu de ma mère…

— Et que ne me faites-vous connaître votre volonté, cruel ! Ne suis-je pas faite pour vous obéir ? Je vous aurais suivi. Mais m’abandonner seule, sans protection, à la vengeance des ennemis que je me suis faits pour vous, me voir exposée par votre faute aux affronts les plus humiliants…

— Expliquez-vous, Biondetta ; quelqu’un aurait-il osé ?…

— Et qu’avait-on à risquer contre un être de mon sexe, dépourvu d’aveu comme de toute assistance ? L’indigne Bernadillo nous avait suivis à Venise ; à peine avez-vous disparu, qu’alors, cessant de vous craindre, impuissant contre moi depuis que je suis