zèle par la suite, vous serez imprudent, ingrat…
— Je ne crois rien, sinon qu’il faut que je parte. Je vais éveiller mon valet de chambre ; il faut qu’il me trouve de l’argent, qu’il aille à la poste. Je me rendrai à Venise près de Bentinelli, banquier de ma mère.
— Il vous faut de l’argent ? Heureusement je m’en suis précautionnée ; j’en ai à votre service…
— Gardez-le. Si vous étiez une femme, en l’acceptant je ferais une bassesse…
— Ce n’est pas un don, c’est un prêt que je vous propose. Donnez-moi un mandement sur le banquier ; faites un état de ce que vous devez ici. Laissez sur votre bureau un ordre à Carle pour payer. Disculpez-vous par lettre auprès de votre commandant, sur une affaire indispensable qui vous force à partir sans congé. J’irai à la poste vous chercher une voiture et des chevaux ; mais auparavant, Alvare, forcée à m’écarter de vous, je retombe dans toutes mes frayeurs ; dites : Esprit qui ne t’es lié à un corps que pour moi, et pour moi seul, j’accepte ton vasselage et t’accorde ma protection. »