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siblement touchée d’affliger mes cousines par les marques les plus essentielles que je puisse leur donner de mon amitié car assurément je songe a leur témoigner dans la personne de leurs enfans la reconnoissance et la tendresse que j’ai pour elles et que j’aurai toujours, quoi qu’elles puissent faire, quand même elles viendroient à me haïr[1]. »

Les craintes de madame de Villette n’étaient point vaines. Au retour de sa campagne, M. de Villette apprit ce qui s’était passé, en fut vivement affecté et écrivit à madame de Maintenon des lettres pleines de reproches. Mais il n’y avait pas à revenir sur un fait accompli, et le père indigné dut se calmer par la promesse qui lui fut faite que l’on ne contraindrait point ses deux fils, s’ils ne voulaient pas se faire catholiques. Tous deux se convertirent cependant, et M. de Villette lui-même suivit bientôt leur exemple. Pendant une campagne sur mer, « il fit, nous dit madame de Caylus, des réflexions qu’il n’avait pas encore faites. L’évangile de l’ivraie et du bon grain lui parut clair contre le schisme, » et il abjura. Bien que sa conversion n’eût pas été un calcul, et qu’il eût déclaré assez sèchement à Louis XIV que « c’étoit la seule occasion de sa vie où il n’avoit point eu pour objet de plaire à sa Majesté, » il y a lieu de constater qu’elle ne nuisit pas à son avancement, puisqu’il fut

  1. Ces lettres inédites ont été imprimées par M. Monmerque dans l’introduction des Mémoires du marquis de Villette, qu’il’a publiés pour la Société de l’Histoire de France.