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amitié. Je ne doute pas que l’enlèvement de votre fille ne fasse du bruit ; je l’ai voulu ainsi pour vous tromper la première, ne craignant rien de plus que de vous commettre avec M. votre mari. M. de Seignelay m’a dit aujourd’hui que M. de Villette serait ici au mois de février. J’espère que la tendresse qu’il a toujours eue pour moi l’empêchera de s’emporter, et qu’il démêlera bien au milieu de sa colère que ce que j’ai fait est une marque de l’amitié que j’ai à mes proches. » Dans une autre lettre, madame de Maintenon revenant sur cette affaire, expliquait à sa cousine dans quel but elle avait agi à son insu, et s’excusait du chagrin qu’elle lui avait causé par l’intérêt qu’elle portait à ses enfants :

« Si vous aviez été de la même religion que votre mari, je vous aurois priée de m’envoyer votre fille… Mais j’ai eu peur que l’on ne vous soupçonnât d’avoir été bien aise de me la donner et de quelque intelligence avec moi sur la religion… Voilà, ma chère cousine, ce qui m’a obligé de vous tromper, et pourvu que M. de Villette ne soit pas mal content de vous, je me demeslerai bien du reste. J’espère qu’il ne prendra pas si sérieusement l’enlèvement de mademoiselle de Mursay, et qu’il consentira qu’elle demeure avec moi, jusqu’à ce qu’elle soit en âge de dire sa volonté… Vous êtes catholique, et il est impossible que, dans votre cœur, vous ne soyez bien aise de voir vos enfans dans le chemin où je les ai mis. Vostre fils ne servira plus sur mer. Je suis sen-