Page:Caylus - Souvenirs et correspondance.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que penser d’un homme qui insulte au hasard les plus grandes familles du royaume, en confondant perpétuellement les noms, les événemens ; qui vous dit d’un ton assuré que M. de Maisons, premier président du Parlement, avec plusieurs conseillers, n’attendoient qu’un mot du duc du Maine pour se déclarer contre la régence du duc d’Orléans, tandis que M. de Maisons, qui ne fut jamais président, avoit arrangé lui-même tout le plan de la régence ;

Qui ose avancer que les articles secrets du traité de Rastadt excluoient Philippe V du trône, comme s’il y avait eu des articles secrets à Rastadt ;

Qui prétend que la princesse des Ursins, à l’âge de soixante et un ans, avoit inspiré à Philippe V, roi d’Espagne, une violente passion pour elle ?

Qui a eu l’impudence d’affirmer que Monseigneur, fils de Louis XIV, épousa mademoiselle Chouin, et

    qui engagent un prince d’Allemagne à combler de bienfaits un bouffon ou un nain. » Voltaire qui ne pratiquait point le pardon des injures, mit La Beaumelle au même rang que Fréron et Desfontaines et chercha, non sans y réussir quelquefois, toutes les occasions de lui nuire. Il se fit en outre un malin plaisir de le prendre sans cesse à partie et de réfuter toutes ses assertions. Mais, ainsi que le remarquait un éditeur des Lettres de madame de Maintenon (Sautereau de Marsy, — Paris, Léopold Collin), « s’il relève ses défauts avec autant d’aigreur que de mépris, il ne lui rend jamais justice sur ses bonnes qualités ; et il est arrivé de là que ses nombreuses critiques ont fait peu d’impression. On y voit trop l’ennemi le plus acharné. » Pour avoir une idée exacte de la polémique de Voltaire contre de La Beaumelle, il suffit de lire, avec la Préface ci-dessus, toutes les notes du Siècle de Louis XIV (Cf. Édition Louandre, où ces notes sont intégralement reproduites) et quelques-unes de celles qui accompagnent les Souvenirs de madame de Caylus.