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rent la Persuasion et, pour donner une grande idée de Périclès, ils dirent qu’elle habitoit sur ses lèvres : eh ! tout le monde ne la voyoit-il pas dans toutes les actions et dans toutes les paroles de madame de Caylus ?

Le mot de Charmes se prodigue, et les dons de Vénus et de Minerve réunis ne me paraissent pas suffire pour le mériter ; en un mot, ce qui ne sait pas dégoûter de tout le reste du monde n’en est pas digne. Or, je demande à tous ceux qui ont eu le bonheur de vivre avec elle, si, en sa présence, ils n’ont pas oublié toute la nature, et s’ils ont jamais souhaité d’être ailleurs.

Elle étoit née avec beaucoup d’esprit, et avoit eu l’avantage d’être élevée par la femme du monde qui avoit le plus de connaissance des vrais agrémens, aussi personne n’avoit une politesse plus noble, plus aisée, ni une plus grande exactitude sur toutes les bienséances, que madame la comtesse de Caylus.

Sa curiosité, et la société des gens de réputation l’avoient rendue savante malgré elle, quoiqu’ils aient, je crois, toujours été plus occupés de lui plaire que de l’instruire, d’ailleurs son éloignement pour ceux qu’on appelle beaux esprits, répondoit à la beauté naturelle du sien et à la délicatesse de son goût.

Elle ne mettoit point de rouge et ne pensoit pas