gligence mais ces négligences sont celles mêmes qui font la facilité et le charme de la conversation. Ne lui demandez qu’une suite de portraits et d’esquisses, elle y excelle. Cette plume légère touche tout à point ; elle prend dans chaque personne le trait dominant et saisit ce qu’il faut faire voir en chacun…
« Ce qui distingue au premier aspect tous ces portraits de madame de Caylus, c’est la finesse ; la vigueur et la fermeté qui y sont souvent au fond n’y paraissent que voilées. Mais il est des moments où le mot vrai se fait jour et où l’expression vive éclate. L’impudence de madame de Montespan qui s’enhardit à ses grossesses successives, la bassesse des Condé qui ambitionnent de s’allier au roi par toutes ses branches bâtardes, tous ces traits sont touchés hardiment et comme il sied à la petite-fille de d’Aubigné. Le roi ayant marié le duc du Maine, fait d’abord à ce prince des représentations sur sa femme qui le ruine ; mais voyant que ces représentations ne servent qu’à faire souffrir intérieurement un fils qu’il aime, il prend le parti du silence ; et le laisse croupier dans son aveuglement et sa faiblesse. Il n’y a rien d’efféminé dans ces tons-là. On sent, à lire ces femmes si polies, que Molière non moins que Racine a assisté de son génie à leur berceau, et que Saint-Simon n’est pas loin…
« Les esprits pénétrants et vrais sont bien embarrassés de leur rôle en ce monde ; s’ils disent ce qu’ils