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son, se tenir à l’abri des orages politiques. Si madame de Caylus avait fondé quelque espérance sur le rôle qu’elle lui proposait de jouer elle n’eut pas longtemps à souffrir de sa déception, car deux années après, le 15 avril 1729, elle mourait, à peine âgée de cinquante-six ans.

C’est pendant une de ses dernières maladies que madame de Caylus, cédant aux instances de son fils aîné qui avait renoncé pour un moment à ses lointaines pérégrinations et était venu partager sa retraite du Luxembourg, dicta le petit livre auquelelle donna modestement le titre de Souvenirs[1]. Gardé avec un soin jaloux par le comte de Caylus, ce document historique ne semblait point destiné à la publicité, et l’heureux possesseur de ce trésor ne le confiait guère qu’à des amis intimes sur la délicatesse et la discrétion desquels il était en droit de compter. Aussi est-ce seulement cinq ans après sa mort, en 1770, que les Souvenirs furent imprimés en Hollande. Pour le public lettré d’alors qui neconnaissait guère le siècle de Louis XIV que par le vague résumé de Voltaire et les compilations romanesques de La

  1. La plupart des renseignements que l’on possède sur la rédaction et la publication des Sovenirs de madame de Caylus, ont été fournis par un ancien secrétaire du comte de Caylus, Marin, dans deux lettres qu’il écrivit au Journal des Débats et que nous avons publiées dans l’Appendice.