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Ainsi le Roi, instruit par sa propre expérience, et corrigé par les années, n’oublia rien de ce qui pouvoit mettre les filles d’honneur de madame la Dauphine sur un bon pied[1]. Voilà les noms et à peu près le caractère des six premières.

Mademoiselle de Laval avoit un grand air, une

  1. La chronique scandaleuse du temps s’occupait souvent des Filles d’honneur. Voici un spécimen des chansons satiriques dont elles furent l’objet :

    Je me suis laissé dire
    Que les filles d’honneur
    Ont pris plaisir à lire
    Certain joyeux auteur.
    Arétin, on l’appelle,
    Selon le bruit commun.
    La moindre bagatelle
    Et cela, c’est tout un.

    — Que dit la gouvernante (madame de Montchevreuil)
    De ce plaisir nouveau ?
    En est-elle contente ?
    L’a-t-elle trouvé beau ?
    — L’âme d’horreur atteinte,
    Prenant la chose en mal,
    Elle porta sa plainte
    Jusques au tribunal.

    — Sur ce fait d’importance,
    Et les témoins ouïs,
    Dis-nous quelle sentence
    À prononcé Louis.
    — Ce prince bon et sage,
    Grand en tout ce qu’il fait,
    Condamne au mariage,
    Pour punir ce forfait.

    — Pour marier ces belles,
    Trouve-t-on à la cour
    Des époux dignes d’elles,
    Introduits par l’amour ?
    — On en trouve à revendre,
    Quand le roi prend le soin
    De doter, ou de rendre
    Le service au besoin.