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Cependant, quelque persuadée que je sois de la vertu de madame de Maintenon, je ne ferois pas comme M. de Lassay, qui, pour trop affirmer un jour que ce qu’on avoit dit sur ce sujet étoit faux, s’attira une question singulière de la part de madame sa femme, fille naturelle de M. le Prince. Ennuyée de la longueur de la dispute, et admirant comment monsieur son mari pouvoit être autant convaincu qu’il le paroissoit, elle lui dit d’un sang-froid admirable : Comment faites-vous, monsieur, pour être si sûr de ces choses-là ? Pour moi, il me suffit d’être persuadée de la fausseté des bruits désavantageux qui ont couru, et d’en avoir assez dit pour montrer que je ne les ignore pas[1].
- ↑ Rien n’est plus obscur que la nature des relations de madame de Maintenon avec Villarceaux ; tous les témoignages, cependant, à l’exception de celui de madame de Caylus, sont défavorables à la veuve de Scarron. Voltaire dit dans une note « Cet endroit étoit délicat à traiter ; il est certain que madame Scarron avoit enlevé à Ninon Villarceaux son amant. J’ignore jusqu’à quel point M. de Villarceaux poussa sa conquête, mais je sais que Ninon ne fit que rire de cette infidélité, qu’elle n’en sut nul mauvais gré à sa rivale, et que madame de Maintenon aima toujours Ninon. » Saint-Simon, plus affirmatif, déclare sans ambages que « Villarceaux, débauché, fort riche, entretint longtemps madame Scarron et la tenoit presque tout l’été à Villarceaux. » Enfin, on trouve dans une lettre de Ninon à Saint-Évremond cette singulière confidence « Scarron étoit mon amy ; sa fame m’a donné mille fois plaisirs par sa conversation, et dans le temps je l’ay trouvée trop gauche pour l’amour. Quant aux détails, je ne sçay rien, je n’ay rien veu, mais je luy ay presté souvent ma chambre jaune à elle et à Villarceaux. M. Feuillet de Conches qui possède cette lettre en original autographe, et l’a publiée dans ses Causerie d’un curieux (t. II), affirme qu’elle ne prouve rien contre madame de Maintenon.