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vrault comme une personne qui parle. Il pouvoit avoir raison sur les deux autres ; mais il avoit tort sur madame de Montespan, dont l’éloquence étoit sans affectation.

Je n’ai point eu l’honneur de connoître madame l’abbesse de Fontevrault[1] ; je sais seulement, par tous les gens qui l’ont connue, qu’on ne pouvoit rassembler dans la même personne plus de raison, plus d’esprit, et plus de savoir : son savoir fut même un effet de sa raison. Religieuse sans vocation, elle chercha un amusement convenable à son état, mais ni les sciences, ni la lecture, ne lui firent rien perdre de ce qu’elle avoit de naturel.

Madame de Thianges, folle sur deux chapitres,

  1. Gabrielle de Rochechouart-Mortemart, abbesse de Fontevrault, sœur de madame de Montespan. « Elle avoit plus d’esprit qu’aucun de sa famille, ce qui étoit beaucoup dire, et le même tour qu’eux et plus de beauté que madame de Montespan. Elle savait beaucoup, et même de la théologie. Son père l’avoit coffrée fort jeune ; avec peu de vocation, elle avoit fait de nécessité vertu, et devint une bonne religieuse et une meilleure abbesse, et adorée autant que révérée dans tout cet ordre, dont elle étoit chef. Elle avoit un esprit de gouvernement singulier, qui se jouoit du sien et qui auroit embrassé avec succès les plus grandes affaires. Elle en avoit eu qui l’avoient attirée à Paris dans le temps du plus grand règne de sa sœur, qui l’aimoit et la considéroit fort et qui la fit venir a la cour, où elle fit divers voyages et de longs séjours, et c’étoit un contraste assez rare de voir une abbesse dans les parties secrètes du roi et de sa maîtresse. Il goûtoit fort cette abbesse, à qui tout ce qu’il y avoit de plus élevé en rang, en place et crédit faisoit la cour, et qui conserva presque une égale considération après l’éloignement de sa sœur. (Saint-Simon, Notes sur Dangeau). La biographie de l’Abbesse de Fontevrault a été écrite de nos jours par M. P. Clément, l’historien de Colbert. (Didier, édit.)