enfans, me mettent dans un état que je ne pourrai longtemps soutenir[1]. »
C’est apparemment à cette lettre qu’il faut rapporter ce que j’ai ouï raconter à madame de Maintenon, qu’étant un jour avec madame de Montespan dans une crise la plus violente du monde, le Roi les surprit, et, les voyant toutes deux fort échauffées, il demanda ce qu’il y avoit. Madame de Maintenon prit la parole d’un grand sang-froid, et dit au Roi : Si Votre Majesté veut passer dans cette autre chambre, j’aurai l’honneur de le lui apprendre. Le Roi y alla ; madame de Maintenon le suivit, et madame de Montespan demeura seule. Sa tranquillité en cette occasion paroît très surprenante ; et j’avoue que je ne la pourrois croire, s’il m’étoit possible d’en douter.
Quand madame de Maintenon se vit tête à tête avec le Roi, elle ne dissimula rien ; elle peignit l’injustice et la dureté de madame de Montespan d’une manière vive, et fit voir combien elle avoit lieu d’en appréhender les effets. Les choses qu’elle citoit n’étoient pas inconnues du Roi ; mais comme il aimoit encore madame de Montespan, il chercha à la justifier ; et pour faire voir qu’elle n’avoit pas l’âme si dure, il dit à madame de Maintenon : Ne vous êtes pas souvent apperçue que ses beaux yeux se remplissent de larmes lorsqu’on lui raconte quelque action généreuse et touchante ? Avec cette disposition, il est à présumer, comme je l’ai dit, que si madame
- ↑ 1675.