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à tons ; mais un écrivain de la capitaine de la flotte Génoise l’ayant vue , en devint amoureux ; il l’alla trouver , lui déclara sa passion , et lui promit de faire sa fortune si elle voulait y être sensible; en même temps il lui présenta un diamant et un rubis du prix de plus de cinq cent ducats , et tirant une poigne de pièces d’or , il la versa dans son giron : des manières si nobles attendrirent la dame , sa fierté l’abandonna, et elle rendit le Génois heureux.

Cette aventure se passa le jeudi-feint. La dame résolue d’en tirer ce qu’elle pourrait , ne ménageait rien pour le persuader de sa tendresse, Vous me rendez le plus heureux de tous les hommes , lui dit le Génois dans les transports de son amour, je veux vous rendre aussi la plus riche et la plus heureuse femme du monde. Je prétends vous donner dès demain la maison la plus belle et la mieux meublée de la ville. Ah! malheureuse que je suis! s’écria la dame ; parce que ,vous n’avez plus rien à désirer, vous vous moquez maintenant de moi; retirez-vous , et n’insultez pas plus longtemps à ma faiblesse. Madame, lui répondit l’écrivain, je croyais être de tous les hommes le plus heureux ;j’espérais que la mort seule pourrait nous séparer , et que je vous verrais la femme la plus contente de toute l’île. Cependant vous me quitterez ainsi; croyez. que je vous parle sincèrement, et que je vous aime plus que ma propre vie. Le terme que je vous