Page:Cavendish - L’Art de dresser les chevaux, 1737.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourrait recevoir du desavantage des liberalités de la Nature envers Elle, si elle ne luy avoit donné un jugement tres-serain & tres-net pour rectifier leurs défauts par Sa justice. Et comme Elle est le Deputé de Dieu en terre & son vray Oint, Elle peut imiter la Divinité, qui châtie (ans étre fâchée; ainsy Elle preservera Sa douceur, & montrera à Ses sujets que Sa misericorde surpasse Sa justice. Je vis aussy aux jeunes ans de Vôtre Majefté les trois parties d’une bonne ame (& il n’y en a que trois) l’esprit, le jugement, & la memoire, ou bien les facultés, par lesquelles nous comparons les choses ensemble, nous les distinguons, & nous nous en souvenons. Vous les aviés alors pour Vôtre âge au plus haut degré, & avec l’admiration de tout le monde. Je m’asseure que Votre Majesté, à cause de ces troubles mal-heureux, est à prefent parvenue à la Maitrise de Sa charge Royale, qui est de connoitre l’esprit, & le naturel des hommes, qui font, pour la plus part trompeurs, d’autant qu’il y en a plus de meschans, que de bons; & comme dit l’Escriture Sainte, Plusieurs sont appellés et peu élus. Il ne faut pas, Sire, que j’oublie, que j’ay eu l’honneur de Vous mettre le premier à cheval dans le Manege, où Vôtre Majesté a tellement profité, qu’à l’âge de neuf à dix ans, Elle n’avoit pas seulement la plus belle, & la plus ferme assiéte que j’aye jamais veuë, mais aussy la plus grande addresse, & jugement: outre