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78 CONTES ET SCÈNES DE LA VIE DE FAMILLE des de l’homme enfant ; de là des expériences toutes faites bonnes à transmettre à qui a reçu charge d’âmes toutes neuves. “Une Flamande qui aimait beaucoup les enfants, a voulu leur être agréable et utile en recueillant pour eux les souvenirs de ses premières années. Elevée dans un milieu affectueux, grave et pieux, douée d’une organisation impressionnable, cachant sous un fond de rêverie mélancolique une faculté d’observation très nette et très fine, elle amassait dès lors à son insu une foule de faits insignifiants en apparence, mais dont elle savait dégager le sens. Animant tout autour d’elle par excès de vitalité propre, personnifiant jusqu’aux objets matériels pour donner plus de prise à son besoin d’affection, elle se créait un monde de grâce et de lumière qu’enchantaient les fantaisies les plus touchantes. Ainsi se bâtissait le petit théâtre intérieur où devaient se représenter plus tard, à certains jours de fête solitaire, les scènes d’autrefois. Son père, sa mère, dont elle a constamment senti la présence à ses côtés, durant une longue vie trop tôt terminée, toute sa famille éteinte se donnait dans son cœur un rendez-vous d’amour afin d’y reprendre le cours des jours regrettés. Aussi la plupart des récits que, nous rassemblons ici sous le titre de contes, sont-ils de véritables histoires. Ceux--là même que l’on serait tenté d’attribuer à l’imagination seule de l’auteur, ne sont que des épisodes rappelés tels qu’ils se sont passés à Douai, dans la rue Notre-Dame ou dans le Barlay, il y a de cela bien longtemps aujourd’hui. Le recueil forme pour ainsi dire les Mémoires d’une petite fille. Un ardent amour y évoque les parents, les amis d’enfance. Les lieux témoins des premières aventures reprennent toute la vivacité de leurs couleurs et leurs proportions agrandies. Absorbé par la fiction séduisante, on se laisse aller au cours du récit, on pénètre dans une famille hospitalière, comme invité d’abord, bientôt comme ami, puis à titre de fils, et pendant quelques heures on crie, on court, on joue, on a dix ans. . “Devant l’imagination de l’enfant tout s’anime, prend un caractère propre qui intéresse à un titre différent, mais l’empreinte est fugace et disparaît sous l’empreinte nouvelle.