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VIOLETTE

nesse ? et aussi des trois nouvelles des Veillées des Antilles ? Un libraire que je vous dois de connaître désire les acheter et demande une très prompte réponse. Je ne veux rien conclure sans votre renonciation à ces ouvrages. Bien que vous ne m’ayez liée d’aucun écrit, vous me connaissez ; je ne me regarderai libre que si vous me dites vous-même : vous pouvez vendre… Vous avez plongé vous-même au fond de nos malheurs ; ce n’est pas un petit secours qui peut les combler. Ainsi secondez-moi, car je suis découragée de l’avenir autant que du présent si lugubre. Répondez-moi ou venez…

Charpentier ne se laissa point attendrir et l’autre libraire « si pressé » changea sans doute de dispositions envers Marceline, puisque le livre ne parut que six ans plus tard et que jusque-là nous ne trouvons aucune allusion à ce roman dans l’œuvre de la poétesse. Enfin, au mois de mai 1839, elle pouvait en envoyer des épreuves à son mari ; comme ce dernier l’avait complimentée sur son ouvrage, elle lui écrivait d’Orléans, le 14 mai 1839 : "Oh ! que je te remercie d’aimer le caractère de Marguerite tel que je l’ai essayé avec mes pauvres pinceaux ! Si une belle âme était reine du monde, que de sang et de misère de moins ! Auprès de ce doux éloge qui m’est si cher, de toi, sur un livre qui n’aura pas d’autres succès, tu réveilles un sentiment d’une douleur profonde…, , (Lettre publiée par A. Pougin, page 146).

Violette fut mise en vente le 20 mai par les soins de l’éditeur Dumont. Quatre jours après, Marceline mandait à Prosper Valmore : « M. Dumont est toujours le même pour nous ; il veut à toute force que je prenne de l’argent. J’agirai avec prudence, et ne vendrai que ce qui sera à peu près fini. Il m’a dit que la vente était suspendue partout, mais qu’il n’était pas inquiet de Violette qu’il trouve bien. Cela m’a rassurée ; car je tremblais que tu ne fusses aveuglé par ta tendresse pour moi.

Oh ! que ce que tu me dis, me paye au centuple les veilles que ce livre m’a coûtées. Tu sais quel étonnement pour moi s’il s’y trouve, en effet, quelques pages gracieuses ; j’en subissais la publication, je le jure, comme un acte de pénitence et d’humilité. »