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POÉSIES INÉDITES ET POÉSIES NON RECUEILLIES

POÉSIES INÉDITES ET POÉSIES NON RECUEILLIES Sans savoir, d’indolence extrême, Si l’on a marché sur mon cœur, Brisé, par une main qu’on aime, Hélas ! un cheveu de nous-même, Est si puissant à la douleur ! Au chemin déjà solitaire Où deux êtres unis marchaient, Chacun pour l’autre est un mystère ; Et toujours on sent de la terre Entre deux cœurs qui se cherchaient. L’un dans les sillons de la plaine Suit son veuvage douloureux ; L’autre de toute son haleine, De son jour, de son aile pleine, Monte ! monte !… et se croit heureux. Moi, sous l’austère mélodie, Dont vous m’envoyez la rumeur, Mon âme soupire agrandie, Mon corps se fond en maladie, Et mon souffle altéré se meurt. Comme l’enfant qu’un rien ramène, L’enfant dont le cœur est à jour, Faites mon cœur souple à la chaîne Et désapprenez-moi la haine Plus triste encore que l’amour. Une fois dans une nuit profonde J’ai vu passer votre lueur ; Comme alors enfermée au monde, Pour parler à qui me réponde, Laissez-moi dormir dans mon cœur. 395