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16 L’ATELIER D’UN PEINTRE naît, vit et meurt près du foyer, l’artiste qui passe ses jours dans la solitude, tout entier qu’on le croirait à ses travaux, ont chacun aussi leurs espérances, leurs désespoirs et leurs joies célestes. Les secousses qui les heurtent, pour demeurer invisibles comme les secousses du galvanisme, n’en frappent pas moins avec violence et d’une façon terrible. Seulement, la victime se trouve trop loin pour que l’on entende ses cris, et la plupart du temps, abattue, résignée, elle étouffe ses sanglots et dévore des pleurs inutiles. La croyant calme ou bien insoucieuse, on ne songe pas à lui compatir ; on réserve son intérêt à des cris plus énergiques et à des tortures plus visibles. .“ Dans l’Atelier d’un peintre, c’est l’esquisse de cette vie méconnue qu’une femme a tenté de reproduire ; une femme qui s’est trouvée initiée à de tels mystères, et qui en a plus encore subi les douleurs qu’elle n’en a partagé les jouissances. Pour écrire ce livre, elle n’a fait que se rappeler des récits auxquels, petite fille, elle se sentait émerveillée et les yeux pleins de larmes.. “Mais elle comprend son inexpérience. Malhabile à l’art du romancier, elle n’a point présenté dans un cadre qui les fasse valoir, les touchantes richesses du sujet qu’elle voulait peindre. Dans ce cas elle rappelle la réponse d’une femme de son cher et doux pays de Flandres:« Ah ! monsieur, je vous fais sourire, parce que je parle mal; mais si vous entendiez ma fille vous conter mes malheurs, vous pleureriez à chaudes larmes ! ». “Paris, 3 novembre 1833 18° L’Atelier d’un peintre est un roman autobiographique dans lequel Marceline raconte son adolescence. Le peintre, c’est son oncle Constant Desbordes qui, dans le roman, s’appelle Léonard ; quant à elle, elle s’est représentée dans cette œuvre sous le nom d’Ondine. L’atelier de Constant était situé à Paris, dans l’ancien couvent des Capucines, dont l’auteur nous donne une description délicieuse. L’oncle admirait fort Girodet qui habitait au couvent, l’étage au-dessus de lui ; il peignait honorablement et il était bon et généreux. La jeune Marceline ne parle jamais de lui qu’avec une émotion touchante. Ondine a une sœur, Eugénie, à laquelle elle fait par lettres toutes ses