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MISS ÉDITH BELLENDEN (Les puritains d’Ecosse) “Edith, aux blonds cheveux, , , apparaît.au bord de cette guerre d’Ecosse, si noblement portée par son petit cheval d’Espagne, qu’il est impossible de ne pas se prendre d’intérêt pour cette jeune figure élégante et naïve, qui doit suivre à travers le livre sanglant une trace si pure, si peu bruyante, si ineffaçable pourtant. Walter Scott, peintre poète et vrai des mœurs qui se mouvaient autour de lui comme de vivans modèles, a pu seul montrer avec un bonheur rare et jamais monotone ses pudiques héroïnes si souvent à cheval. Elles ne sont pas, dans ses récits pleins d’intégrité, des femmes exceptionnelles ; il laisse aux siennes l’habitude caractéristique des lieux qu’il décrit, et qui n’est qu’un trait de ressemblance animée, une teinte locale de plus. Le joli coursier de miss Edith ne l’emporte pas haletante et hors d’haleine ; elle y est posée calme, souple, décente, en toute sécurité pour elle et pour ceux qui la regardent. On l’ý voit monter, s’y asseoir, comme on l’en voit descendre, sans surprise et sans frayeur. Miss Edith se recueille souriante au milieu d’une fête sauvage, où fermente la guerre civile. On dirait, à la voir élevée ainsi au-dessus de la foule, qu’elle plane sur un nuage solide, que sa main délicate dirige et fait mouvoir. Elle rêve, elle surveille avec la sagacité d’un ange le courage et le triomphe du plus humble des jeunes cavaliers brillans qui se tiennent fermes sur les étriers, et caracolent pour obtenir son attention ; leurs complimens ne trouvent nulle route pour arriver à son cœur ouvert et refermé déjà sur une seule image, l’image de Henri, vainqueur pour elle aux jeux guerriers de cette fête brillante. La distraction d’Edith n’est donc pas de l’indolence, mais sa curiosité ne s’éveille que pour les malheureux ; car son génie est de les servir. Plus parée par ses charmes naturels que par les plumes flottantes et les bijoux dont elle est ornée, elle ne sait jamais qu’elle est riche que pour donner