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PROSES NON RECUEILLIES 111 consacre pas un culte plus ardent ; et quelque chose annonce que ce n’est pas lui qui doit donner un autre nom à Lilias, surtout en le voyant demeurer froid et désenchanté lorsque, la retrouvant après une séparation douloureuse, l’aimable enfant lui présente avec tant de candeur. sa joue rose et animée de la joie de le revoir. La tête tourne au jeune présomptueux, qui prend pour les avances hardies d’une coquette la cordiale et franche amitié de la pauvre Bénédicité ! Aussi respire-t-on pour tous les deux en apprenant que Bénédicité, Mante-Verte et Lilias, sont la sœur tendre mais paisible du timoré Latimer. Les nuances, si délicates de l’instinct fraternel, pris par le plus avancé des deux pour un amour romanesque, sont là d’un naturel admirable. Un peu plus tard, Lilias, prisonnière au fond d’une chambre d’auberge, retrouve son jeune avocat consultant pour compagnon de captivité, dans le coin sombre où les confine le tumulte d’une querelle épouvantable, à laquelle ils demeurent tellement étrangers, qu’ils oublient de l’écouter. Cet ami fidèle de Latimer est en ce moment si près des lèvres de Mante-Verte, que le souffle de ses paroles effleure son visage ; et l’on devine avec quel battement de cœur il reçoit d’elle l’aveu chuchoté dans son oreille, que celui auquel il sacrifiait en secret la passion la plus sérieuse de sa vie n’est que le frère de l’objet adorable qui. la lui inspire. Un nom de plus s’inscrit donc naturellement auprès des noms de Bénédicité, de Mante-Verte et de la belle Lilias Redgauntlet ! Mme Desbordes Valmore (Galeries des femmes de Walter Scott, Paris, Marchant, éditeur-1842).