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dans la bourgeoisie et dans la province le goût et le ton précieux, y fit naître bien des contrefaçons et produisit les caricatures qui ont fourni à Molière les Précieuses ridicules, et à Boileau ses traits satiriques.

Ce qu’on doit à l’école précieuse, le voici : le goût des lettres propagé et épuré par l’influence des femmes.

Qui pourrait nier que les femmes ont fait naître dans les esprits ce mouvement universel et régénérateur, si fécond dans ses résultats ?

La langue française, hérissée de grec et de latin, s’embarrassait dans ses longues et obscures périodes : l’art d’écrire ressemblait à ces professions privilégiées dont il faut laborieusement conquérir la maîtrise ; le style offrait un mélange de roideur et d’emphase ; la conversation des femmes le polit et l’assouplit jusqu’à le rendre clair et rapide comme la parole.

L’époque de Louis XIV nous présente, en effet, une particularité surprenante : c’est que, ni avant ni après son règne, il ne se rencontra jamais à la fois tant de personnes