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cuté ; en peu de jours la Tour fut batie, & la Reine fut enfermée dedans.

Aprés cela Carados, qui ne ſentoit nuls remords du traittement qu’il faiſoit à ſa mere, partit pour s’en retourner à la Cour du bon Roy.

Il n’étoit plus qu’à deux journées de la Ville Capitale de ſon Royaume, quand il apperçut de loin dans un Pré quelque choſe de fort brillant ; & en étant plus prés, il connut que c’étoit des tentes, dont ſur la plus élevée il y avoit ſur une boule d’or, un grand Aigle de même matiere, qui ſembloit s’élever vers le Ciel.

Carados s’avança vers ces tentes, il ne vit perſonne tout autour, il deſcendit de cheval, & entra dans celle qui luy parut la plus belle : il y avoit dedans un fort beau lit, dont les rideaux étoient relevez, & ſur ce lit une jeune perſonne nompareille en beauté, qui dormoit.

Le Prince fut d’abord charmé de la vûë d’un ſi aimable objet. Le premier moment fut donné à l’admiration & le ſecond à l’amour. Il aima ſans pouvoir s’en deffendre & contre la coûtume du