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actions, & il fut le premier qui au bout de l’an ſe rendit dans la ſalle de l’aſſemblée : tout le monde étoit conſterné, & on avoit la vûë inceſſamment attachée du côté de la campagne, eſperant toûjours que peut-être on ne verroit pas celuy dont on craignoit tant l’arrivée.

Il parut enfin monté ſur le même cheval, avec ſon habillement verd, ſon écharpe, ſa belle épée & ſa couronne de roſes, il chantoit comme l’autre fois, & il fut du même air aux pieds du Roy, luy demander l’accompliſſement de ſa parole. Le bon Roy le pria vainement de s’en déporter ; & la Reine voyant que le Roy ne gagnoit rien ſur ſon eſprit, vint avec toutes les Dames le conjurer de laiſſer la vie à Carados, luy offrant la plus belle des Niéces du Roy avec la moitié de ſon Royaume : mais les prieres & les larmes de la Reine n’obtinrent rien.

Le ſeul Carados ne paroiſſoit point émeu du peril qui le menaçoit ; il s’avança d’une contenance aſſurée vers le bon Roy, & le pria de faire finir promptement une choſe, qui auſſi-bien étoit inévitable.