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le étoit aſſiſe ſur la porte de ſa cabane, & chantoit l’hiſtoire malheureuſe de ſes amours : deux enfans qu’elle avoit plus beaux que le jour ſe joüoient à quelques pas d’elle ; & s’éloignant un peu ils arriverent juſques auprés de l’arbre ſous lequel le Prince étoit couché. Ils ne l’eurent pas plûtôt vû, que l’un & l’autre ſe jettant à ſon col l’embraſſèrent mille fois, en diſant à tout moment, c’eſt mon pere. Ils appellerent leur mere, & firent de tels cris, qu’elle accourût ne ſachant ce que ce pouvoit être : jamais jeuſqu’à ce moment-là ſa ſolitude n’avoit été troublée par aucun accident.

Quelle fut ſa ſurpriſe & ſa joye quand elle reconnut ſon cher époux ? C’eſt ce qu’il n’eſt pas poſſible d’exprimer. Elle fit un cri perçant auprés de luy, ſon ſaiſiſſement fut ſi ſenſible, que par un effet bien naturel elle verſa un torrent de larmes. Mais ô merveille ! à peine ſes larmes précieuſes furent elles tombées ſur les yeux du Prince, qu’ils reprirent incontinent toute leur lumiere, il vit clair comme il faiſoit autrefois, & il reçût cette faveur par la tendreſſe de la paſſionnée Perfinette, qu’il prit entre ſes bras, & à qui il fit mille fois plus de