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une ardeur qui pouvoit la perſuader : elle s’effraya d’abord, elle cria, un moment aprés elle trembla, & rien ne fut capable de la rafſurer, que quand elle ſentit dans ſon cœur autant d’amour qu’elle en avoit mis dans celuy du Prince. Il luy diſoit les plus belles choſes du monde, à quoi elle ne répondit que par un trouble qui donna de l’eſperance au Prince : enfin devenu plus hardy, il luy propoſa de l’épouſer ſur l’heure ; elle y conſenti ſans ſavoir preſque ce qu’elle faiſoit, elle acheva de même toute la cerernonie.

Voilà le Prince heureux, Perſinette s’accoûtume auſſi à l’aimer ; ils fe voyoient tous les jours, & peu de temps aprés elle ſe trouva groſſe. Cet état inconnu l’inquieta fort, le Prince s’en douta, & ne luy voulut pas expliquer de peur de l’affliger. Mais la Fée l’étant allée voir, ne l’eut pas fi tôt conſiderée qu’elle connut ſa maladie. Ah malheureuſe ! luy dit elle, vous étes tombée dans une grande faute, vous en ſerez punie, les deſtinées ne ſe peuvent éviter, & ma prévoyance a été bien vaine. En diſant cela elle luy demanda d’un ton imperieux de luy avoüer toute fon avanture ; ce que la