Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ma liberatrice, lui dit elle, je n’en ſaurois douter : nulle perſonne n’entre icy qui ne ſoit revêtuë de la peau d’un de ces animaux que vous avez veus à l’entrée de cette caverne ; C’a été le ſort de toutes ces belles perſonnes que vous voyez auprés de moy. Aprés dix jours de courſe inutile pour me prendre, elles étoient changées en autant d’animaux durant le jour, & la nuit nous reprenons nos figures humaines ; & vous, charmante Princeſſe, ſi vous ne m’euſſiez pas delivrée, vous auriez été changée en lapin blanc. En lapin blanc, s’écria Plus belle que Fée, ah Madame ! il vaut mieux que j’aye conſervé ma forme ordinaire, & qu’une ſi merveilleuſe perſonne que vous ne ſoit plus Biche. Vous nous rendez à toutes nôtre liberté, réprit la Fée, paſſons joyeuſement le reſte de la nuit, & demain nous irons au Palais remplir toute la Cour d’étonnement.

On ne ſauroit exprimer l’allegreſſe dont retentiſſoit cette charmante demeure, & le raviſſement où toutes ces belles perſonnes étoient d’aller joüir de la douceur de revivre, pour ainſi dire, elles étoient toutes dans le même âge auquel elles avoient commencé leur courſe dans