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ſur le genoüil, & avant toutes choſes elle mit dans ſa main de cette eau precieuſe & en but. Aprés elle remplit ſon vaſe, & ſe tournant vers ſon Aigle : Ha ! dit-elle, que je voudrois que Deſirs eût de cette eau, à peine eut-elle lâché la parole, que l’Aigle vôla en bas, prit une des pantoufles de Plus belle que Fée & revenant il puiſa de l’eau dedans, & en alla porter à la Princeſſe Deſirs au bord de la mer, où elle étoit inutilement occupée à écrire ſur l’aréne.

L’Aigle revint trouver Plus belle que Fée, & reprit ſa belle charge, helas dit-elle, que fait Deſirs ? mettez nous enſemble. Il luy obéït ; ils la trouverent écrivoit toûjours, & à meſure qu’elle écrivant, une onde venoit qui effaçoit ce qu’elle avoit écrit. Quelle cruauté, dit cette Princeſſe à Plus belle que Fée, d’ordonner ce qu’on ne peut faire ! Je juge à l’étrange monture que je vous vois, que vous avez réuſſi : Plus belle que Fée deſcendit ; & touchée du malheur de ſa compagne, elle prit ainſi la parole ſe tournant vers ſon amant. Faites moi voir vôtre toute puiſſance ; ou plûtôt mon amour, répartit ce Prince, en reprenant ſa forme ordinaire.