Page:Caumont - Les Fées contes des contes.pdf/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Finfin ayant attaché ce Billet au col de la Perdrix, elle s’envola bien vite. Les jeunes Bergers la virent avec conſolation : mais la Bonne Femme n’en pouvoit recevoir depuis qu’elle étoit ſeparée de ces perſonnes ſi cheres, & qu’elle ſavoit en ſi grand peril. Que ma felicité eſt changée, diſoit-elle à Madame Tu Tu ; je ne ſuis dans le monde que pour être perpetuellement agitée : je croyois avoir pris le ſeul parti qui me pouvoit mettre dans le repos, qu’on eſt borné dans les vûës que l’on prend. Et ne ſavez vous pas, réprit la Fée, qu’il n’eſt point d’état dans la vie où l’on puiſſe vivre heureux. Je le ſay, s’écria triſtement la Bonne Femme, & fi l’on ne fait ſon bonheur ſoy même, on le trouve rarement ailleurs. Mais, Madame, voyez un peu le ſort de mes enfans, je vous prie ; je ne ſaurois vivre inquiéte comme je ſuis. Ils ne ſe ſont pas reſſouvenus de l’ordre que je leur avois preſcrit, réprit Madame Tu Tu : mais ſongeons au remede.

Madame Tu Tu entra dans ſa Bibliotheque avec la Bonne Femme. Elle lut preſque toute la nuit : & ayant pris enfin un grand livre qu’elle avoit ſou-