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plus que de raiſon, & voicy pour m’accabler une autre amitié qui ſe forme, le Prince & Mirtis ne ſe haïſſent pas, je crains d’abandonner leur jeuneſſe à l’égarement de leurs cœurs.

Vous avez ſi bien élevé ces deux jeunes filles répliqua Madame Tu Tu, que vous ne devez rien craindre ; je rêpons de leur ſageſſe. Je vais vous éclaircir de leur deſtin.

Elle luy apprit que Finfin étoit fils du méchant Roy, & frere du Prince ; que Mirtis & Litette étoient ſœurs, & filles du défunt Roy qu’il avoit fait mourir, frere de la Reine ſa femme, que ce cruel Roy avoit épouſée, qu’ainſi ils étoient fort proches parens ; que ce méchant Roy étant monté ſur le Trône, aprés avoir commis mille horreurs, les voulut combler en faiſant mourir ces deux petites Princeſſes ; que la Reine fit tout ce qu’elle put pour l’empêcher, & n’y pouvant réüſſir, elle l’avoit appellée à ſon ſecours : qu’alors elle avoit dit à la Reine qu’elle les ſauveroit, mais qu’elle ne le pouvoit faire à moins qu’elle ne prît auſſi ſon fils aîné ; qu’elle luy répondit qu’elle le reverroit un jour heureux : qu’à ces conditions la Reine