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Ils avoient à peine proferé ces paroles, qu’ils ſe trouverent tous dans un char avec le Prince, la Perdrix & le Fan, & s’élevant en l’air ils eurent bientôt perdu de vûë le Roy & la maiſon des Roſes.

Dés que Mirtis eut fait ſon ſouhait elle s’en repentit ; elle connut bien qu’elle s’étoit laiſſée inconſiderément emporter à un premier mouvement dont elle n’avoit pas été la maîtreſſe : auſſi pendant toute la route elle tint les yeux baiſſez, & elle eut une grande honte. La Bonne Femme luy jetta un coup d’œil ſeverre. Ma fille, luy dit-elle, vous n’avez pas bien fait de ſeparer le Prince de ſon pere ; quelque injuſte qu’il ſoit, il ne doit pas le quitter. Ah ! Madame, luy répondit le Prince, ne trouvez pas mauvais que j’aye la douceur de vous ſuivre Je reſpecte le Roy mon pere : mais je m’en ſerois cent fois allé ſans la vertu, la bonté & la tendreſſe de la Reine ma mere, qui m’ont toûjours retenu.

En achevant ces paroles ils ſe trouverent devant un beau Palais, où étant deſcendus, Madamme Tu Tu vint au devant d’eux. C’étoit la plus jolie perſonne du monde, jeune, vive, gaye.