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Tout petits qu’ils étoient, ils gardoient leur troupeau. Et pour cette fois leur troupeau leur fut fidele ; il leur étoit plus docile & plus obéïſſant qu’à de grands chiens qu’ils avoient, & ces chiens étoient doux & flateurs pour eux.

Ils croiſſoient à vûë d’œil, & ils paſſoient leur vie dans une grande innocence : ils aimoient la Bonne Femme, & ils s’aimoient infiniment tous trois.

Ils s’occupoient à garder leurs moutons ; quelquefois ils pêchoient à la ligne, ils tendoient des rets pour prendre des oiſeaux, ils travailloient à un petit jardin qu’ils avoient, & ils employoient leurs mains délicates à faire venir des Fleurs.

Il y avoit un Roſier que la jeune Lirette aimoit fort : elle l’arroſoit ſouvent, elle en prenoit beaucoup de ſoin ; elle ne trouvoit rien de ſi beau que la Roſe, elle l’aimoit ſur toutes les Fleurs. Il luy prit une fois envie d’entr’ouvrir un bouton, & elle s’occupoit à en chercher le cœur, quand elle ſe piqua le doigt avec une épine. Cette bleſſure luy fut fort ſenſible, elle ſe mit à pleurer ; & le beau Finfin qui ne la quittoit gueres, s’étant