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tre compagnie que celle de ſes Filles, qui tâchoient avec empreſſement de la divertir, mais qui n’y réüſſiſſoient pas toûjours. Elle avoit des momens ſombres, & ſa gayeté naturelle ſe perdoit bien ſouvent dans le ſouvenir qu’elle avoit du Prince de Sabée.

Elle étoit un ſoir toute ſeule dans ſa chambre, aſſiſe au coin de ſon feu, un pied appuyé ſur la grille, ſa vûë étoit attaché ſur quelque Peinture agréable. Elle l’en détourna par un petillement extraordinaire qui venoit de ſon feu, elle y porta ſes regards, il en ſortit un nombre infini d’étincelles qui volerent autour d’elle, & qui s’attacherent à ſes habits.

Elle eut peur d’être brûlée, & les ſecoüa avec promptitude : mais toutes ces étincelles l’environnerent, & ſembloient ſe joüer en cent façons differentes, faiſant le même bourdonnement des abeilles. Lantine s’accoûtuma bientôt à cette nouveauté, voyant que ces feux n’avoient point de malice. Elle les trouva fort jolis ; ils ſe poſoient ſur ſon viſage & ſur toute ſa perſonne : & voulant eſſayer d’en prendre, ils avoient une grande ſubtilité à s’échaper. Enfin elle en attrapa