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feu allumé par les traits de l’Amour ne ſauroit offenſer ſa perſonne. Peut-être continua-t-il, que ces flammes qui me paroiſſent ſi terribles ſont ſemblables aux exaggerations dont ſe ſervent les Amans, & que je ne trouveray rien moins que ce que je crois voir. À tout hazard je riſque peu de choſe ; dans la fureur où je ſuis j’aime autant mourir que de ne voir point Lantine.

En achevant ces paroles, il ſe jetta tête baiſſée au travers de ces feux. Il crut être dans un bain délicieux ; il alloit & venoit parmy ces flammes avec autant de facilité que s’il eût été dans un jardin. Il ſentoit une certaine volupté qui enchantoit ſes ſens : il luy ſembloit qu’il ne luy manquoit que la preſence de ſa chere Princeſſe ; encore croyoit-il quelquefois qu’il s’en pouvoit paſſer. Il avoüoit en luy même que bien ſouvent les plaiſirs de l’imagination valent mieux que les plaiſirs réels.

Tandis qu’il eſt ſi paiſiblement dans un lieu qui devroit être ſi chaud, la Princeſſe de l’Arabie heureuſe étoit renfermée dans un Palais par les ſoins de la Fée abſoluë, par la joulouſie du Seigneur du Roc affreux. Elle n’avoit d’au-