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ſeul diamant, il n’y en avoit point devant, parce que l’Amour étoit le Cocher, & que rien ne doit ſeparer Faveur de l’Amour. La Joüiſſance étoit auprés de ce Dieu, habillée en Eſclave ; car il la tient ſouvent pour telle, quoi qu’il tient tout d’elle. Huit beaux chevaux poudrez de poudre de Chypre traînoient l’Amour & ſa ſuite ; l’Heure du Berger ſervoit de poſtillon, & les Plaiſirs procedoient & ſuivoient cette Caleche admirable. Faveur y étoit aſſiſe, elle s’appuyoit un peu ſur la Modeſtie qui étoit prés d’elle ; les Graces étoient aux portieres, & la plus jolie entre ſes genoux.

Tout ce brillant équipage s’arrêta devant l’aimable Miracle ; la Modeſtie luy ceda ſa place, & Faveur fut à luy par le commandement de l’Amour. Il nâquit des fruits charmans d’une union ſi deſirée. Le Prince fut tout le reſte de ſa vie heureux, toûjours dans les delices, & toûjours comblé de Faveurs.

Il mourut dans une grande vielleſſe, & ſa vie ne luy parut qu’un moment à l’heure de ſa mort.

Faveur ſe devoit à d’autres ; elle fait la felicité des Mortels.