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de quelle maniere entrerois-je dans un pays où je deſire déja ſi paſſionnément d’être.

Sa barque tourna d’elle même ; & prenant un chemin particulier, il fut encore un jour à voguer : & laiſſant enfin tous ces vaiſſeaux, il s’en offroit peu à ſa vûe, quand ſa barque s’arrêta dans un endroit ſolitaire & trés-agréable. Miracle ne ſavoit s’il mettroit pied à terre, & s’il oſeroit deſcendre dans ce pays charmant. Il ajuſta ſes hameçons, & s’amuſa à pêcher, en attendant qu’il eût pris ſa reſolution : & comme il étoit de la ſorte, un petit bruit luy fit tourner la tête : il apperçût entre quelques arbres une perſonne ſi charmante, que par un preſſentiment trop vray , il ne manqua pas à la prendre pour Faveur. C’étoit elle auſſi qui ſe promenoit ainſi ſolitaire.

Si vous n’étes pas une Déeſſe, luy dit le Prince, vous devez être Faveur. Je ſuis celle que vous dites, réprit elle, avec un ſoûris charmant : Mais, agréable Pêcheur, continua-t-elle, avez-vous fait quelque belle priſe ? Jettez un peu vôtre ligne. Le Prince luy obéït, tout interdit, & quand il la retira, ſes hame-