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que quinze jours, pendant leſquels vous me viendrez voir. Vous étes beau à charmer, vous avez la taille d’un Heros. Je vous apprendray toutes les ſciences qu’un grand Prince doit ſavoir. Vous étes Prince auſſi, ne croyez pas être le fils d’un miſerable Pêcheur ; auſſi vous veux-je rendre digne de regner, & vous regnerez ſi vous vous abandonnez à ma conduite : poſez moy là, voilà mon Palais. Adieu, jeune Miracle, juſqu’à demain.

On peut croire que Miracle fut bien ſurpris de tant de choſes étonnantes ; il ne dormit gueres de toute la nuit, & au point du jour, ſans conſiderer ſi l’huître, joüifſoit encore des douceurs du ſommeil, il s’embarqua & va à ſon rocher, il l’appela avec toute l’inconſideration d’un jeune homme impatient. Il ſortit quelque éclat brillant d’une concavité du rocher, l’huître parut.

Pour abreger mon Conte, je diray qu’il la fut voir quinze jours de ſuite, & au bout de ce temps-là il fut le plus ſavant, le plus poli & le plus galant Prince du monde. Il avoit honte de ſe reſſouvenir de ſon premier état, & il pria l’huître de le conduire aux grandes avantures.