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Le Prince leur dit bien de belles choſes, & elles à luy : mais il falut le quitter. Il ſortit de ce petit bois, & ne vit devant luy qu’une plaine prodigieuſe, ſterile, & ſans aucun arbre. À peine eut-il marché quelque temps, que le Soleil qui étoit dans ſa force l’incommodoit extrémement par ſa chaleur ; & n’ayant mangé depuis trois jours il étoit preſque à l’agonie. Il voulut donc rentrer dans le petit bois pour y trouver quelque ſoulagement : mais il ne put en aborder, & ſes pas malgré luy le conduiſoient dans cette affreuſe étenduë de païs fi ſec & ſi incommode.

Il ſouffroit, & ſon tourment étoit horrible : il avoit beſoin de ſes penſées tendrez pour arrêter ſes deſſeins furieux, ayant ſouvent envie de ſe paſſer l’épée à travers le corps. Dans cet état affreux levant la tête vers le Soleil brûlant, il apperçut tout l’air obſcurci ſans en ſentir de fraîcheur, & il ne ſavoit ce que c’étoit ; quand enfin démêlant les objets, il vit une multitude innombrable d’oiſeaux de toute eſpece & de toute couleurs ; on en voyoit depuis le Phenix juſqu’au Roitelet. Son Meſſager de bonne nouvelle étoit à la tête de cette