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quoi faut il que ce chef d’œuvre parte de la main d’un homme ?

La Princeſſe conſidoroit ce jeune homme inconnu avec d’étranges mouvemens, jamais rien de ſi charmant n’avoit paru à ſes yeux ; il étoit d’une grandeur extraordinaire, mais ſa taille avoit une beauté & un agrément inexprimable. Son viſage étoit gay & riant, les Graces y avoient répandu tous leurs charmes.

Bleu ſe perdoit dans l’examen d’un homme ſi parfait, elle y trouva un poiſon mortel pour ſon cœur : Helas ! dit-elle en ſoy-même, ſeroit-ce celuy dont les qualitez communes me doivent rendre ſi malheureuſe ? car les beautez de la perſonne ne ſont rien ſans les ornemens de l’eſprit & les qualitez de l’ame.

Cette imagination luy duroit peu, & elle ſe flatoit que le dedans répondroit au dehors.

Le Prince pendant ces reflexions, étoit dans une conſideration ſi attentive, qu’il en avoit oublié toute autre choſe, quand une des jeunes Princeſſes propoſa tout bas à Bleu, de leur permettre de faire un concert pour achever de le confondre.